Traditionnellement la religion bouddhiste optait pour les principes de non -
violence et avait des règles strictes contre la prise de la vie de quelqu'un
ou même d'un animal (conduisant à un régime strict de végétarisme parmi les
moines Bouddhistes). Le rôle des temples bouddhiques coréens est unique dans
les annales de l'histoire des arts martiaux. Non seulement ils aidèrent à la
défense de la nation (une fonction qui était aussi observée, par instants,
chez les moines Bouddhistes du Monastère Shaolin en Chine), mais, pendant
certaines périodes de l'histoire coréenne, le gouvernement a sanctionné ces
temples à porter des armes blanches et à former d'énormes armées de moines
guerriers. Nulle part ailleurs en Asie n'eut été donné ce type de pouvoir et
de responsabilité aux moines bouddhistes.
L'introduction du Bouddhisme en Corée commença initialement comme faisant
partie de l'échange culturel entre les Coréens et leurs voisins chinois
pendant la période des Trois Royaumes. La religion fut initialement
introduite en Corée au Royaume Koguryo en 372 a.p. J.-C. par le moine
bouddhique chinois, Sun Do. Le bouddhisme fut adopté cette même année, par
le Roi Sosurim, comme la religion d'état et en même temps, ce roi forma
l'Académie Nationale Confucéenne. De cette manière, il sentit que l'unité
spirituelle du Royaume Koguryo pouvait se réaliser avec l'introduction du
Bouddhisme, tandis que les fonctions de l'état et de l'ordre social seraient
favorisé plutôt par l'influence des Confucéens.
En 384 ap. J.-C., le Bouddhisme fut introduit au royaume coréen de Paekche
par le moine Indien Marananta et l'implantation du système de valeurs
bouddhiste commença dans cet état. Le Bouddhisme a fini par s'introduire au
Royaume de Silla (prononcer Shil-la) par le moine bouddhique Coréen Ado (qui
avait auparavant entrepris l'étude du Bouddhisme en Chine, et qui était
aussi connu sous le nom Muk Ho Ja, ou " moine noir"). Heureusement, le
Bouddhisme ne fut pas aussitôt adopté par le peuple de Silla, comme c'était
le cas en Paekche et en Koguryo. En 527 ap. J.-C. cependant, la foi
bouddhiste commença à croître et prospérer à travers tout l'état de Silla
lorsque le martyre du fonctionnaire de la cour Yi Cha Don de Silla,
prophétisa qu'à sa mort, son sang coulerait "blanc comme lait" pour
illustrer la vérité et la pureté du Bouddhisme. Plus tard, soit en 535 ap.
J.-C., le Bouddhisme fut adopté par le Roi de Silla, Pobhung, en tant que la
religion officielle d'état, fournissant ainsi un fondement idéologique pour
l'unité et la solidarité d'un état coréen hautement centralisé.
Deux développements majeurs dans la pratique du Bouddhisme coréen expliquent
la forme toute particulière des arts martiaux bouddhiques. Tout d'abord, les
moines se préoccupaient de leur état de santé provoquée par une vie austère
et de longues heures consacrées à la méditation sédentaire. Deuxièmement,
les moines coréens devaient souvent voyager à travers la campagne loin de la
protection du monastère, donc ils voulurent un système d'autodéfense afin
d'être capables de se protéger adéquatement. Cela entraîna le développement
du Bool Kyo Mu Sool (enseignements des arts martiaux bouddhistes) lequel
suivait deux lignes intégrées mais distinctes : la culture d'un pouvoir
interne, qui permettait d'utiliser ce pouvoir à des buts combatifs, et le
développement des méthodes d'attaque et de défense.
Intégral à leur formation religieuse, ces moines Bouddhistes coréens
passaient plusieurs heures chaque jour à s'asseoir ou s'agenouiller pour de
longues périodes de méditation. Par conséquent, ceux-ci commencèrent à
développer des problèmes assez sévères de digestion et de circulation. Afin
de surmonter ces difficultés (qui avaient un effet troublant à leur pratique
de méditation), les moines commencèrent à se concentrer à l'emploi
d'exercices spécialisés conçus pour développer leur ki, ou pouvoir interne
(une force innée du corps qui est liée de façon cruciale à l'air que nous
respirons, et à la façon par laquelle cet air est traité). Cette pratique
concentrée conduisit davantage aux développements ultérieurs et à certains
raffinements de la spécialisation subséquente de techniques telles que Hyul
Bup et Whal Bup.
Ce souci du développement et de l'utilisation du ki (qui se décrit comme une
force de vie universelle, similaire au prana des Hindous, au pneuma des
Grecs classiques, ou à celle que la science occidentale a appelé énergie
bioplasmique) permit à ces premiers Bouddhistes coréens de dresser une
harmonie entre Wae Gong (forces externes) et Nae Gong (forces internes). En
combinaison, ces deux forces, travaillant ensemble, permettent l'expression
beaucoup plus grande et plus efficace d'une force personnelle.
Suite à ces exercices, les moines furent capables de renforcer à la fois
leurs muscles abdominaux et leurs organes internes et aussi, de développer
un système cardio-vasculaire hautement efficace. Les mêmes méthodes de
respiration, quoique distinctes de leurs associations religieuses, ont été
conservés et existent encore aujourd'hui dans notre formation de Kuk Sool
Won, fournissant à leurs étudiants les mêmes bénéfices qui étaient appréciés
des moines.
Due à leur importance pour la santé et pour l'entraînement des arts
martiaux, plusieurs types différents de respiration furent développés. Nae
Gong, était une méthode par laquelle les modèles normaux de respiration
étaient employés avec beaucoup d'attention portée au placement de la langue
au palais, le calme relatif de la respiration elle-même et le placement de
l'haleine au bas de l'abdomen. Owe Gong était une autre méthode de
respiration et son emploi était contraire du modèle ci-dessus. Ahk Gong,
nécessitait de son praticien à suivre un modèle de respiration par lequel il
devait retenir son haleine pendant un certain temps. Certaines indications
nous révèlent que ces méthodes de respiration étaient très répandues;
plusieurs exemples de statues Bouddhistes célèbres avec lesquelles nous
sommes familiers aujourd'hui, tel que le Bouddha Heureux et le Bouddha Au
Repos, sont en fait, des représentations, des modèles de ces types
particuliers de respiration, et sont reflétés dans les modèles de
respiration aujourd'hui enseignées dans le Kuk Sool Won.
Comme déjà énoncé, une autre raison majeure pour le développement d'une
méthode uniquement bouddhiste d'arts martiaux, étaient de permettre aux
moines sans défense de pratiquer une méthode efficace et fiable de défense
personnelle. Les moines bouddhistes devaient occasionnellement voyager à
travers le district qui appartenait à un monastère individuel particulier,
afin de visiter chaque famille de cette superficie, en tant que "moine
mendiant". Ils offraient des prières de bonheur et de bonne fortune et
recevait en récompense du riz, de l'orge et d'autres récoltes. Ces dons
servaient afin de pourvoir au besoins du monastère, pour nourrir les moines
résidants et aider le monastère dans son rôle d'agence d'aide, qui
fournissait de la nourriture et d'autres services aux mendiants itinérants.
Cependant, comme on pouvait s'y attendre, lors de leurs voyages, les moines
novices furent souvent la proie d'animaux sauvages, ou pire, de bandes de
bandits et de brigands qui erraient dans la campagne à la recherche de
voyageurs infortunés. Vu cette situation, il devint nécessaire que ces
moines mendiants soient "armés" pour leur protection, par l'apprentissage
d'une quelconque méthode d'autodéfense.
Bien que les armes blanches ou tranchantes furent rarement employées en
combat par les moines bouddhistes (sauf en temps d'urgence nationale quand
leurs habiletés d'arts martiales étaient employées à la défense du pays),
les moines ont réussi à développer un système hautement raffiné d'arts
martiaux et d'habilités aux armes, qui dépendaient des types d'arme d'impact
tel que le Bong (perche), le Dan Bong (bâton court) et le Ji Peng Ee (canne
de marche courbée). À partir des enseignements Bouddhistes de non-violence,
plusieurs de ces méthodes de bâton furent conçues et employées à décourager
ou contrôler un agresseur, plutôt que de tuer ou d'infliger une blessure
permanente.
Les méthodes d'autodéfense à mains vides développées par ces moines
bouddhistes étaient hautement efficaces et contenaient beaucoup de
techniques basés sur les mouvements, ou les caractéristiques spéciales de
certains animaux qui pouvaient être observés dans la nature. À l'opposé de
certains styles chinois d'arts martiaux (tels que le système bien connus
Shaolin qui fut développé par les Bouddhistes Shaolin en Chine) dans lequel
les mouvements réels d'animaux furent imités et employés afin de créer des
formes de combat, les arts martiaux coréens tentèrent de modeler des formes
et des techniques basées plutôt sur l'esprit de l'animal ou les
caractéristiques de combat et non que sur les mouvements réels de celui-ci.
La raison pour cette différence : les Coréens croyaient que l'homme était
supérieur aux bêtes, donc toute tentative d'imiter les mouvements exacts
d'un animal était vu comme étant dégradante à l'homme.
Dans l'histoire des arts martiaux, les Bouddhistes coréen furent réellement
unique car, pendant les périodes d'invasion ou urgence nationale, les
énormes armées de moines guerriers féroces des monastères se battirent
farouchement pour défendre les temples et expulser les armées envahissantes.
Tandis que certains moines furent habiles dans les arts martiaux avant leur
entrée au monastère, la majorité d'entre eux ont reçu leur formation au
monastère bouddhiste et devinrent habiles dans les arts martiaux développés
à l'intérieur du système du temple (cette condition se développa beaucoup
plus tard au plus célèbre monastère Shaolin en Chine, et beaucoup d'artistes
martiaux associés au Shaolin étaient, en fait, des soldats ou des rebelles
en cachette). C'est à cause de ce nationalisme féroce chez les moines et
leur esprit guerrier que le titre de Défenseurs de la Nation fut accordé aux
moines bouddhistes coréens.
Les Arts Martiaux du Temple bouddhiste existaient non seulement de façon
autonome, mais, comme nous le verrons plus tard, ils exerçaient une
influence énorme sur le développement des Arts Martiaux de la Cour Royale.
Ce fut un moine bouddhiste qui aida à trouver et former le Hwarang Coréen :
un groupe de guerriers habiles et féroces, fils de souche noble et lié par
un code élevé de conduite et d'éthique morale. Le groupe de guerriers, le
plus célèbre dans l'histoire entière des arts martiaux Coréens, furent les
précurseurs des bushi (ou des samouraï) au Japon. Les moines bouddhistes
influençaient la formation des guerriers Paekche appelés Soo Sah. La
formation fut aussi d'élite et de structure comme celles des Hwarang de
Silla et plusieurs généraux Paekche célèbre ont gradué de leurs rangs. Le
plus célèbre fut le Général Gae Baek, qui gagna plusieurs batailles contre
le Hwarang de Silla. |